Qui n’a jamais glissé dans son cartable un Petit Écolier de Lu ou dans son sac à main quelques Paille d’Or ou Petit Beurre pour un en-cas express ?

Ces biscuits ont bercé votre enfance et/ou celle de vos enfants et continuent encore aujourd’hui d’accompagner vos goûters express.
Coqueline, Prince, Pepito, Barquette, Pim’s, Petit Ourson, Chamonix… ils sont tous présents dans les rayons de nos supermarchés et font partie de nos goûters depuis des années.

LU coqueline      biscuit LU

Nantes et ses biscuits

Le week-end dernier je suis allée à Nantes, là où l’histoire de LU a commencé.

Si Nantes est fière de son château des Ducs de Bretagne, sa cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul, son passage Pommeraye et ses machines de l’Île, elle est aussi particulièrement fière de sa Tour LU, vestige de ce qui était autrefois l’usine de l’entreprise de biscuits LU dans les années 1880.

Les biscuits sont d’ailleurs fortement ancrés dans le patrimoine gastronomique nantais. Le palet breton, le petit-beurre mais aussi le gâteau nantais, la paille d’or et le kouign-amann remplissent les boulangeries et boutiques de biscuits de la ville.

Il existe même des produits dérivés de ces biscuits comme la pâte à tartiner au Petit Beurre (un délice à la petite cuillère !) ou encore la liqueur de biscuits.

La paille d'or

La Paille d’Or Nantaise © A.C.

la tour LU

La Tour Lu ©A.C.

LU, la fierté nantaise

La ville cultive le patrimoine historique de la biscuiterie LU avec des expositions et des produits dérivés (cartes postales des publicités, affiches, livres, boîtes, plateaux…) disponibles dans les boutiques de souvenirs.

L’ancienne tour LU qui surplombe la ville est devenue un monument historique que les touristes s’empressent de photographier.
Le musée national de la ville de Nantes, qui se situe dans le château des Ducs de Bretagne, abrite une belle collection issue de la marque. Anciens moules à biscuits LU ainsi que des boîtes, des affiches, des photographies de l’ancienne usine, d’anciens packagings, etc. trônent fièrement dans une des salles du musée.

Musée LU

©A.C.

musée LU

©A.C.

Les biscuits LU sont aujourd’hui fondus dans la masse des rayons biscuits de nos supermarchés parmi d’autres marques comme BN (de Nantes aussi !), Lotus, Delacre, Gerblé, Chabrior ou encore Michel & Augustin. Pourtant, LU ne cesse d’innover et séduit toujours autant les petits comme les grands. Retour sur cette success story à la nantaise !

Les origines de LU

Une histoire gourmande

En 1846, Jean-Romain Lefèvre arrive de son petit village de la Meuse pour travailler dans une pâtisserie du centre-ville de Nantes. Son but est de faire découvrir aux Nantais les biscuits aux œufs, les biscuits roses de Reims et les macarons.
Quelques années plus tard, en 1850, il décide avec son épouse Pauline-Isabelle Utile de racheter la pâtisserie et de la rebaptiser « Fabrique de biscuits de Reims et de bonbons secs ».

Le succès est vite au rendez-vous, les biscuits séduisent beaucoup les bourgeois de l’époque. Le couple est obligé d’ouvrir une seconde boutique qui sera appelée Lefèvre-Utile et ils recevront même en 1882 la médaille d’or lors de l’Exposition industrielle de Nantes.

Modernisme et production

Louis Lefèvre Utile prend la succession de ses parents en 1883 et transforme la petite structure familiale en une manufacture. Il achète en 1885 une ancienne usine de filature de plus de 2 000 mètres carrés et équipée de machines à vapeur.
Il commande également du matériel anglais moderne afin d’être plus performant sur la production.

Dans cet élan de modernisme et de créativité, il crée en 1886 la recette du fameux Petit Beurre, un sablé nantais si caractéristique avec ses 52 petites dents et oreilles.

Un an plus tard, en pleine expansion, il s’associe avec son beau-frère Ernest Lefèvre et fonde la société LU. Il agrandit les usines et une mini ville de plus de 2 hectares prend forme afin de produire plus de 15 tonnes de biscuits à destination de la France et de ses colonies.

Petit beurre nantais

LU, un succès fulgurant

D’une petite entreprise familiale, LU est devenue une entreprise moderne et riche d’un catalogue de plus de 200 références. En 1905, la première gaufrette française voit le jour : la célèbre Paille d’Or, encore aujourd’hui en vente dans nos supermarchés.

Paille d'or LU

La Paille d’Or d’aujourd’hui dans les supermarchés diffère un peu de la traditionnelle Paille d’Or Nantaise de boulangerie.

À cette époque, travailler chez LU était une situation très recherchée. Bien que les salaires n’étaient pas forcément très élevés, les travailleurs bénéficiaient de beaucoup d’avantages sociaux comme les soins médicaux gratuits ou encore l’intéressement aux bénéfices.

Un essoufflement dû à la guerre

Malheureusement, le succès s’essouffle avec la Première Guerre mondiale, l’usine étant réquisitionnée. Avec le temps, les équipements vieillissent et LU a beaucoup de mal à contrer la concurrence de la Biscuiterie Nantaise (BN).

Michel Lefèvre Utile prend la place de son père, améliore par la suite son réseau de distribution et propose de nouveaux packagings et emballages en aluminium.

La fin de l’entreprise gérée au sein de la famille

En 1986, le groupe BSN-Gervais-Danone prend le contrôle de LU. Une nouvelle usine est construite à la Haye-Fouassière en périphérie de Nantes pour remplacer l’ancienne usine historique détruite en 1974 par un incendie accidentel. Il reste cependant encore aujourd’hui dans le paysage nantais une des tours LU qu’il est possible de photographier.

En 2007, le géant américain Mondelez International (anciennement Kraft Foods) achète LU à Danone.

L’image de LU

C’est sous Louis Lefèvre Utile, le troisième enfant du couple Lefèvre-Utile, que l’image de LU s’est développée.
Dans les années 1885, les premiers logos LU sont dessinés et l’image de la Renommée créée par le sculpteur Eugène Quinton, sera utilisée sur les emballages des biscuits jusqu’en 1957.

En 1892, Louis développe une gamme de boîtes lithographiées aux formes originales et aux couleurs qui attirent l’œil. Il fait appel à des artistes nationaux et étrangers pour illustrer ses publicités mettant en scène des femmes et des couleurs chatoyantes.

Musée LU

La Renommée d’Eugène Quinton pour LU 1886

musée LU

Dans un souci d’innovation, LU intègre en 1950 des photographies de ses produits sur les emballages. Le logo de LU cette année-là est repensé par Raymond Loewy.

petit beurre LU

LU aujourd’hui

Depuis le rachat en 1986 de LU par le groupe BSN-Gervais-Danone puis en 2007 par Mondelez International, la marque a bien changé. Le mythique Petit Beurre nantais de Lu a été détrôné par d’autres biscuits crées par le groupe agroalimentaire dont Belvita, des biscuits pour le petit déjeuner. 10 000 tonnes de Belvita sortent chaque année des usines contre 9 000 pour le Petit Beurre.

Dans la continuité de ce que voulait Louis Lefèvre Utile, la marque ne cesse de se développer.
Elle a crée de nombreux autres produits dont le Thé ou encore le Petit Brun, les petits frères du Petit Beurre. De nombreuses marques ombrelles ont été crée : Prince, BelVita, Tuc, Mikado, Granola…

petit brun LU

Aujourd’hui, les biscuits LU sont distribués dans de nombreux pays à travers le monde.

Les publicités de LU

Concernant la publicité, la marque a abandonné ses illustrations pour des photographies plus réalistes.

Ses publicités télévisées nourrissent l’espoir, l’humanisme, le bien-être et la joie de vivre avec le jingle typique de LU.

LU

Publicité pour le Petit Écolier de LU 1930-1940 D’après le dessin de Firmin Bouisset

pub LU

Campagne par BETC pour LU 2013

Des produits controversés

LU est sur les réseaux sociaux et doit aujourd’hui répondre à de nombreuses interrogations des consommateurs concernant les matières premières utilisées, les OGM, le bio et l’utilisation de l’huile de palme.
La marque utilisait autrefois des matières premières locales, de la farine et du bon beurre breton.

LU est boycotté aujourd’hui par certaines personnes qui refusent de manger des produits avec de l’huile de palme.
La marque utilise notamment Facebook pour s’expliquer. Elle avance l’argument que seulement quelques produits en contiendraient, mais ce n’est pas la grande majorité.
Par ailleurs, la marque n’utilise que des ingrédients issus de l’agriculture conventionnelle et sa politique d’approvisionnement exclut les OGM.

On est bien loin de la petite manufacture nantaise créée par Jean-Romain Lefèvre et Pauline-Isabelle Utile ! Mais il s’agit là d’une très belle histoire à succès.

Si vous êtes de passage à Nantes, je vous conseille d’aller faire un tour au Château des Ducs de Bretagne, pour la beauté du lieu, la qualité de son musée, mais aussi pour la partie gourmande du musée qui expose les anciens objets (anciennes boîtes, anciennes photos, cartes, vaisselles…) de la marque LU.

tour LU musée

Musée du château des Ducs de Bretagne ©A.C.

musée ducs de Bretagne

Musée du château des Ducs de Bretagne ©A.C.

Et vous, aimez-vous la marque LU ?

Si vous êtes gourmand, profitez donc de votre séjour à Nantes pour vous rendre à la boutique de Vincent Guerlais. Vous y trouverez de magnifiques pâtisseries.